Pourquoi jette-t-on ? - Épisode 1
- Jérôme BARREAU
- 31 mars
- 2 min de lecture
Épisode 1 : Sommes-nous jaloux de la longévité de nos produits/matériaux ?
Rédigé le 31/3/2025
Réflexions sur les raisons qui poussent certains à jeter plutôt qu'à prolonger la durée de vie de leurs produits/matériaux.
Dans un monde où la rapidité et la consommation sont érigées en normes, les objets qui nous entourent sont souvent traités comme des biens jetables, malgré leur potentiel de durabilité. D'une part, nous, les humains, ne disposons que d'une seule vie, tandis que les objets semblent bénéficier d'une existence multiple à travers leurs cycles de vie. Cette disparité soulève une question intrigante : pourquoi l'homme ne prend-il pas plus soin des objets pour prolonger leur durée de vie et les jette-t-il si facilement ? Serait-ce une forme de jalousie inconsciente envers leur capacité à perdurer ?
La relation entre l'homme et les objets est complexe. Au fil du temps, nous avons développé une dépendance accrue à leur égard, les considérant souvent comme des extensions de nous-mêmes ou des symboles de statut social. Pourtant, cette relation est souvent marquée par un manque d'attachement émotionnel réel. Nous sommes prompts à les remplacer par de nouveaux modèles plus récents, plus brillants, sans véritablement prendre en considération leur valeur intrinsèque ou leur potentiel de réparation.
L'une des raisons de cette attitude pourrait résider dans notre propre perception de la mortalité. Conscients de notre propre finitude, nous projetons parfois nos angoisses sur les objets qui nous entourent. Leur longévité peut susciter une forme de ressentiment, comme si leur persistance mettait en lumière notre propre éphémérité. Ainsi, au lieu de célébrer leur résilience, nous les reléguons souvent au statut d'objets obsolètes, jetant notre dévolu sur de nouveaux remplaçants pour compenser notre propre impermanence.
De plus, notre société de consommation encourage une culture du jetable, où la nouveauté est valorisée au détriment de la durabilité. Les campagnes publicitaires incessantes nous poussent à renouveler nos possessions régulièrement, nous convainquant que la satisfaction ne réside que dans l'acquisition constante de biens matériels. Dans ce contexte, entretenir et réparer nos objets existants peut sembler être une tâche fastidieuse, voire dénuée de sens, comparée à l'excitation de l'achat d'un produit neuf.
Pourtant, une prise de conscience émerge peu à peu, soulignant l'importance de réévaluer notre relation avec les objets qui nous entourent. La montée du mouvement pour la durabilité et la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux nous invitent à repenser notre façon de consommer. Prendre soin de nos objets, les réparer plutôt que de les jeter, devient un acte de résistance contre l'obsolescence programmée et le gaspillage excessif.
En fin de compte, la jalousie envers la longévité des objets peut être une manifestation subtile de nos propres peurs et insécurités. En reconnaissant et en célébrant la durabilité des objets, nous pouvons réorienter notre relation avec eux, les considérant non pas comme de simples biens de consommation, mais comme des compagnons de route dans notre parcours de vie. En cultivant une attitude de respect et de responsabilité envers les objets qui nous entourent, nous pouvons contribuer à créer un monde où la durabilité et l'appréciation des choses simples sont véritablement valorisées.
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